Un lieu aimé
Babylone-Jardin ? Ce n’est pas un édifice ancien, ni l’une des sept merveilles du monde antique. Parfaitement identifiable par GPS, suspendu entre ciel et terre quelque part en Haute-Savoie, ce jardin dialogue avec le Mont-Blanc.
Rien de grandiose ni de majestueux. Depuis sept années Babylone-Jardin représente le creuset de mes émotions les plus profondes !
Au fil des saisons je côtoie l’âme de ce lieu, j’ondule entre les végétaux et les sculptures, j’apprivoise le camaïeu subtil d’un iris, le panaché vert blanc d’une large feuille d’hosta. Les cimes aux alentours feutrent mes pas sur ses chemins de pierre ocrés.
Babylone-jardin ! Indispensable au souffle de mes saisons, source de mon inspiration créatrice liée aux mains de l’homme qui l’a créé, façonné, sculpté, construit en terrasses tel un artisan, un artiste… durant dix-huit années de passion ! Un jardin entre ciel et terre.
Que dire de tes saisons ? Je ne sais laquelle je préfère. Chacune d’elle me passionne. Je les aime toutes les quatre, fascinée par leurs mystères éphémères. Dans l’émerveillement de leurs vibrations…
Pendant l’hiver Babylone-Jardin, je te découvre paré d’un grand plaid blanc laineux, prêt à enrouler mes pensées vagabondes et intimes dans le lit de ta matrice. J’aime quand la neige tombe en couches stratifiées sur les statues et les arbres à nuages, lui accordant tout son pouvoir pour en effacer les rondeurs et les aspérités comme un drap tendu sur une corde à linge.
Au réveil du printemps Babylone-Jardin, je m’émerveille de ta douce lumière. Au travers des frondaisons je dépose sur les fougères qui déroulent leurs dents de lait vers une trouée de soleil, mes pensées assoupies par un trop long sommeil…
Au coeur de l’été Babylone-Jardin, j’écoute les conversations animées entre les capucines, les iris arrogants, les tagettes et les cosmos. Sur les pierres brûlantes, l’ombre et la lumière jouent leur partition que je crains de troubler par peur de ternir ce dialogue amoureux. Les pans de ma robe collent à ma peau assoiffée de silence…Dans l’ombre du vieux pommier mordu par une mousse envahissante, je m’assieds pour écouter l’appel des mots…
A l’automne Babylone-Jardin, mon âme s’apaise et s’épanouit sur la palette arc-en-ciel de mes pensées.
Sous l’érable rougeoyant, à la table du temps partagé, les mots de mon poème pleuvent en lettres vermillon sur le papier blanc bleu.
Quatre saisons en une, sourire du Tao sur mes lèvres, je contemple l’automne de ma vie…